Bonsoir à tous,
C'est dans le tramway que je rencontre mon inconnu du jour. Il accepte tout de suite ma démarche, la photo, et avec sourire en prime.
Je vous présente Morteza, 60 ans.
Je lui demande ce qu'il fait dans la vie et me dit : " Attends je vais tout te raconter mais depuis le début ! ". Ça s'annonce passionnant.
Morteza a quitté son pays d'origine, l'Iran, au moment ou le Shah est arrivé au pouvoir : " Je suis quelqu'un qui n'a pas sa langue dans sa poche et c'était soit la prison soit l'exil pour moi ".
Il est arrivé en France avec sa femme, le 12 janvier 1980, précisément à Nantes. Il ne parlait pas un mot de français et a fréquenté la fac de Lettres pendant 3 ans afin d'apprendre la langue. Mais ce n’était pas suffisant selon lui, du coup il passait du temps dans les transports en commun pour discuter avec des personnes âgées ; il notait sur un calepin les mots qu'il ne connaissait pas. C'est une fois chez lui qu'il cherchait dans le dictionnaire ce que chaque mot incompris signifiait.
Morteza en profite pour me raconter une anecdote à ce sujet :
" Une fois je discute avec une personne et elle me dit dans une phrase " j'sais pas ". Moi bêtement, ne comprenant pas, j'avais noté sur mon calepin Chaipa ... j'ai mis très longtemps à comprendre que ce n'était pas un mot ."(rires)
Après la fac, il a suivi des études d'architecture mais a stoppé au bout de la 4ème année :
" C'était dur pour moi de réviser mes cours, de travailler le soir dans une station-service et de m'occuper de ma famille (ma femme et mes 2 enfants). Je n'avais ni bourse scolaire, ni famille pour m'aider. C'est en 1989 que je décroche un petit job en remplacement d'une personne dans une société d'expertise comptable ; et depuis j'y suis toujours : je m'occupe de l'intendance au sein de cette entreprise. "
Son travail consiste à gérer les menus travaux, les petites réparations, réceptionner des colis, apporter une aide en règle générale. Morteza aime se rendre utile et aider les gens.
Je lui demande de m'apprendre quelque chose sur son métier :
" Il faut être souriant, serviable, aimer rendre service, et laisser ses problèmes à la maison ".
Morteza est aussi un grand fan de football et de sports collectifs. Il supporte fièrement le FCN depuis très très longtemps. Alors quand je lui dis que je suis rennais, nous éclatons de rire dans le tramway. Il me parle du match d'hier soir et félicite le joueur Adrien Trebel (FCN) qui a superbement joué.
Je lui demande de me parler de son pays d'origine :
" C'est un pays magnifique. Ispahan est une ville à voir, avec un superbe centre historique."A part cela, il n'aime pas l'individualisme dans notre société et le fanatisme en tout genre.
Le mot de la fin : " La PAIX ".
Je finis l'interview sans prendre de notes, il me pose des questions sur moi... Nous parlons aussi de Nantes en Bretagne (rires). Et nous nous promettons que la prochaine fois que l'on se recroise nous irons boire un verre ensemble. Promis Morteza !
Merci à toi !
A.
Très belle rencontre avec cet homme venu d'Iran, qui s'est intégré parfaitement. Joli récit...
RépondreSupprimerMagnifique histoire ! Merci de nous faire découvrir des Nantais comme nous....
RépondreSupprimerJuste une question au sujet du départ de Morteza d'Iran... Le shah d'Iran a été renversé en 1979 il me semble et dans le billet il est dit que "Morteza a quitté son pays d'origine, l'Iran, au moment ou le Shah est arrivé au pouvoir "...
Une erreur de ma part ? C'est possible. Si je recroise Morteza je lui en parlerais promis.
RépondreSupprimerUne très belle histoire !!! Conforme. A la réalité du personnage MORTEZA !!
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