Après avoir croisé dans le tramway Stanislas puis Julien sur la ligne 2 (d'ailleurs je m'excuse auprès d'eux, j'étais complètement à l'ouest ce matin et peu bavard), je m'arrête à Commerce guetter une proie potentielle. Et l'inconnu finit par se positionner à ma gauche...
Je vous présente Jean-Pierre, 51 ans.
Dans la vie Jean-Pierre est chaudronnier : " Si j'aime ce que je fais ? Oui ça va ! C'est un métier dur physiquement mais il ne faut pas y penser et puis avec l'expérience on s'habitue. "
Je lui demande de m'apprendre un truc sur son métier : " On fabrique des pièces pour les chantiers de Saint-Nazaire. On redresse et on envoie les pièces à la soudure, on appelle ça 'mécano-soudure'.
Ce qu'il faut pour être un bon chaudronnier ?
Il faut aimer son métier et être à l'écoute des anciens qui te transmettent le savoir. Il faut pouvoir aussi supporter tout ce qui n'est pas agréable : le froid, la saleté, les odeurs ... Je te l'ai dit, c'est un métier difficile. " (rires)
Mon inconnu du jour m'explique les aléas des métiers manuels : " Tu sais on a des métiers difficiles et peu reconnu. En général, les jeunes ne restent pas, et encore quand ils viennent ; parce que le monde ouvrier, aujourd'hui, n'intéresse plus. Et puis ça n'engage que moi mais je trouve que nous, ouvriers, on a perdu beaucoup au passage à l'euro. Ce n'est que mon avis, hein !
- On sait que les ouvriers restent solidaires et que les gens tiennent, dans ces métiers, grâce à 'l'ambiance', tu en penses quoi ?
Il fût un temps où effectivement le monde ouvrier était solidaire, mais les directions se sont adaptées et font exprès de faire des changements de poste pour éviter trop cela ; résultat : l'individualisme est entré dans les usines. "
Il aime le sport : " Je suis un fan de sport, je fais du vélo, je cours 23km tous les samedis et surtout j'aime le TAEKWONDO. C'est un sport que je pratique depuis 26 ans. Mais j'aime aussi me balader le dimanche au marché avec mon amie. "
Il n'aime pas les gens qui font la gueule, l'individualisme de notre société et ce qui s'est passé dernièrement comme les attentats : " Sinon je ne suis pas difficile mais s'il y a bien un aliment que je n'aime pas c'est la tête de veau ! "
" Es-tu heureux aujourd'hui ?
- Oui, j'aime la vie. Mais on se serait rencontré quelques années auparavant je t'aurais dit non. Les vies personnelles sont pleines d'embûches et ça a été dur pour moi à ce moment-là. "
Le mot de la fin : " Que les gens sourient un peu plus. "
Merci Jean-Pierre à une prochaine j'espère.
A.
NB: Malgré ces sujets parfois difficiles que sont les expériences personnelles ou bien professionnelles, nous avons bien ri dans le tramway ce matin. Comme je vous le disais au début de cette interview, je n'étais pas très réveillé ni très motivé ce matin. Je dois remercier Jean-Pierre, car après l'avoir croisé, j'avais la patate et le sourire.
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