Rendez-vous
donné à ‘La Beaujoire’, terminus de la ligne 1 : Avec Allan, nous prenons
le temps d’observer les personnes que nous croisons. Une jeune femme attend
près de nous, sûrement dans l’optique d’un second covoiturage, ce qui se
confirme quelques instants plus tard. Puis, un monsieur arborant une belle
moustache s’assoit à côté de nous en posant ses courses. Mais je l’aborde
maladroitement en n’expliquant pas assez clairement notre démarche dans le
cadre de « l’inconnu du tramway. Le monsieur accepte volontiers de
discuter, « de tout et de rien » mais c’est en revanche un non
catégorique s’il s’agit de le photographier. Nous conversons un peu puis nous
décidons de monter dans le tram. Allan va au-devant d’une jeune femme qui
n’hésite pas longtemps tant l’idée semble lui plaire.
Nous vous présentons Marine, 26 ans
Dans
la vie, Marine exerce trois métiers : professeure des écoles, animatrice
et garde d’enfant à domicile. "C’est
une vocation et ce qui me motive le matin en me levant : tout ce qui est
lié à l’enfance, ça m’attire".
A la
base elle a fait des études pour devenir professeure en primaire mais elle n’a
pas passé les concours, si bien qu’elle est aujourd’hui dans le privé et assure des suppléances (des remplacements).
"J’ai plusieurs casquettes, là par exemple, je prends le tram pour aller
chercher des enfants à l’école et les garder par la suite. [...] Au départ, c’était dur de concilier tous
ces emplois du temps !"
Ces
différentes activités la dérangent-elle ?
"Non, j’aime le changement, j’aime rencontrer des gens, des personnes
différentes ; mais l’inconvénient est que je n’ai pas d’emploi fixe, peut-être
que plus tard je chercherai plus de stabilité. Mais je ne cherche pas la richesse !" (sourire)
Entre-temps,
une dame vient dans notre direction et se réjouit "d’avoir enfin croisé l’Inconnu du tram dans SON tram ! "
Aimes-tu
la ville ? Est-ce que tu aimes t’y promener ?
"Je suis originaire du Mans".
Marine réside à Nantes depuis 6 ans, "mais depuis 6 mois je peux dire réellement que j’aime vraiment Nantes,
que j’aime la découvrir".
Qu’est-ce-
que tu détestes ou qu’est-ce qui te révolte ?
"Je ne sais pas ce que je déteste..., plus
ce que j’aime, je dois réfléchir... des inconnus qui m’abordent dans le Tram
(rires), non .... hum ah si ! Le fenouil, ça me révolte (!) beurk, ce goût anisé, je déteste...
sinon... (réflexion)... Les gens narcissiques, nombrilistes, en
plus c’est ce qui est incompatible dans mon métier, avec les enfants"
Et puis un peu plus tard, elle rajoutera les armes à feu, "elles ont quelque chose de profondément lâche, déloyal, comme toute
violence".
Un
pays qui t’attire ?
"Le Japon ! Je suis passionnée par sa
culture. Ah oui, je pratique l’iaidō. Devant notre interrogation,
Marine nous explique que c’est un art martial japonais où tout l’art de
dégainer le sabre selon plusieurs variations. "J’adore l’amplitude des gestes, leur beauté, je suis fascinée et je
pratique cette discipline depuis maintenant plusieurs années" (Marine
m’a précisé combien, mais j’ai oublié cette information...)
Comment y est-elle
arrivée ? "J’avais peur de
tout étant plus jeune, en tout cas de beaucoup de choses, et c’est un ami qui m’a
fait connaître la discipline, ça m’a énormément appris sur moi-même".
C’est un art martial avec des contacts physiques ? "Non, pas forcément, il y a peu de contacts,
ce n’est pas violent et puis les sabres sont en bois".
Je lui demande
où elle le pratique ? "Il
existe à Nantes de grandes écoles pour cela mais je fais l’aller-retour tous
les weekends au Mans. L’année prochaine, je vais regarder pour continuer
ici !"
Tout
à l’heure, tu avais plus d’idées concernant ce que tu aimais par rapport à ce
que tu détestais, tu peux m’en dire plus ?
"J’adore la littérature de par mes études,
et puis l’écriture aussi. Je suis très gourmande, j’adore les petites choses
sucrées. Et puis mon lapin, oui j’ai un lapin que j’ai élevé comme un chat, je
le promène parfois en laisse, ce qui me vaut d’ailleurs quelques moqueries de
la part de certaines personnes. Ça m’est égal, et il s’appelle Krispy."
J’aurais
encore un tas de questions à poser à Marine mais je n’ose pas forcément et puis
peu avant l’arrêt Commerce nous
finissons par parler de l’essence même de l’inconnu du tramway.
Nous
la remercions pour avoir accepté de nous parler avec autant de gentillesse : "C’était très sympa et puis le
temps passe tellement plus vite en discutant, merci et au plaisir !"
Marine
par Elen !
Prétendre que j’étais tout de suite super à l’aise dans cet exercice serait mentir. J’appréhendais de ne pas posséder la répartie nécessaire, de procéder maladroitement pour « accrocher » quelqu’un et retenir son attention, lui faire accepter la démarche et cela n’a pas loupé ! Heureusement qu’Allan était là pour convaincre, sans quoi je serais peut-être revenue bredouille.
Par
contre, je savais que j’aimerais aller vers l’autre, provoquer la rencontre,
faire connaissance - même éphémère - avec une personne. Je ne regrette rien,
d’autant que Marine a la capacité naturelle d’instaurer rapidement un climat de
confiance, une proximité amicale avec autrui. J’ai passé un très bon moment en
leur compagnie, instant trop court mais que je renouvellerai désormais. Rien
qu’un sourire et un bonjour peuvent vous ouvrir des univers inconnus. C’est
surprenant d’ailleurs comme il est finalement aisé de converser sans faux
semblant, naturellement et simplement avec une personne dont on ignorait jusqu’alors
l’existence. Nous avons bien échangé, j’ai appris grâce à toi Marine,
l’existence de l’iaidō, et grâce à toi Allan la richesse de faire un pas vers
un(e) inconnu(e).
Elen
PS : un petit bonjour à Valérie, une voisine qui me lira
certainement : (http://www.inconnudutramway.fr/2016/01/valerie.html
) !
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