Bonsoir à tous,  Franchement je vais être honnête avec vous... Lorsque j'ai repris les interviews dans le cadre du projet des étudia...

Anaïs

 


 



Bonsoir à tous, 


Franchement je vais être honnête avec vous... Lorsque j'ai repris les interviews dans le cadre du projet des étudiants auquel je me suis joint, je ne pensais pas continuer. Je pensais en avoir fait le tour... Certes je ne l'avais pas terminé comme je l'aurais souhaité, mais bon c'est comme ça ! Oui, j'étais fataliste. Et puis, il y a l'inconnu(e) qui te touche, qui te fait te poser les bonnes questions et à qui tu fais te poser les bonnes questions, et cette personne elle est là. Merci à elle d'avoir joué le jeu et merci pour ton courage car l'exercice n'est pas facile : se livrer à un inconnu... comme, selon tes mots, une sorte de psychologue du tramway.


Je vous présente Anaïs, 24 ans.


Dans la vie Anaïs est vendeuse polyvalente chez un primeur de fruits et légumes. Et ça lui plait moyen : "En fait pour tout te dire j'ai un parcours atypique. A la base je suis dans le créatif, et plus particulièrement dans le jeu vidéo. Je fais du code, des graphismes... mais pas de chance pour moi le milieu est bouché, c'est très dur d'avoir une place donc pour le moment je garde ça sous le coude comme une sorte de hobby !"

Je lui demande donc de me parler de son parcours : "En fait, j'aurais souhaité faire une école dans ce domaine mais malheureusement c'est trop cher et je ne voulais pas m'endetter avec un crédit. Je sais que pas mal de gens le font mais franchement, s'endetter à 18/20 ans c'est tendu quand même. J'ai donc décidé de me former moi-même en autodidacte, ce que j'ai fait pendant 3 ans, à fond ! 

Le problème c'est que je me suis isolée des gens, j'avais peu de vie sociale, j'étais à fond toute la journée dans le code pour réussir. J'ai fini par développer des syndromes agoraphobes, j'avais peur de sortir, croiser des gens devenait une épreuve pour moi. Donc comme je sentais que ça n'allait pas, j'ai décidé de prendre un taf, et c'est comme ça que je suis devenue vendeuse. C'était un sacré challenge si on considère les phobies que je commençais à développer. Mais c'est bon, j'en suis presque sortie ; cela fait 7 mois que je suis vendeuse. 

Ce job était sympa au début, le social m'a fait un bien fou, mais je me rends compte que le côté créatif me manque vraiment. Donc je reprends mes recherches, et sinon j'envisagerai peut-être d'entrer dans une école d'ébéniste... à voir ! "

Je lui demande de m'apprendre un truc sur son métier : " Est-ce que tu savais que la clémentine était un hybride de la mandarine ? " (rires)

Mon inconnue du jour aime la musique - plutot le rock anglais en ce moment, et mater des films. 

Elle n'aime pas l'hypocrisie, l'égoïsme et les cannelloni à la morue : "On m'a fait goûter ça dernièrement, je n'ai pas kiffé du tout!" (rires)


Les arrêts s’enchaînent et elle doit descendre, on décide d'un commun accord de terminer l'interview sur le quai. La nuit tombe, on reprend l'interview sur un banc et je lui demande si elle est heureuse ? 

"Pas trop, à vrai dire. J'ai mon copain, c'est super, mais ce job et ces phobies m'ont miné le moral..." 

Je vois ses yeux humides.

" Tu pleures Anaïs ?

- Je suis super émotive et ton truc me fait prendre conscience de plein de choses dans la vie... Donc c'est un trop-plein d'émotions : j'ai l'impression de ne ne pas savoir où j'en suis dans la vie... C'est un truc de dingue de réussir à se confier à un inconnu, sur un quai de tram. " (rires)

Le mot de la fin ?

" Merci c'était vraiment cool ! " 


Merci à toi Anaïs pour ta spontanéité, tes émotions. Je te rassure, à moi aussi, cela a fait un bien fou de discuter avec toi sur ce quai de tram à la nuit tombée.


A.

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