Bonsoir à tous,
C'est sur le chemin du retour que j'aborde un jeune homme, assis seul dans le tram. Je l'aborde, lui explique le projet et spontanément il me dit : " Ah mais oui, carrément ! D'habitude personne ne me parle, ça me fait plaisir que tu viennes à ma rencontre. "
Je vous présente Tristan, 22 ans.
Dans la vie Tristan ne fais rien : " Je recherche du taf ! Mais pas ici, j'ai le projet de rejoindre un ami en Suisse qui y est déjà installé. Pour faire quoi ? Aucune idée, ce que je trouverai ... Je veux juste travailler, mettre des thunes de côté et on verra après. J'ai besoin d'une seconde chance et ce n'est pas ici que je l'aurai, repartir de zéro c'est ça qu'il me faut et actuellement je subis plus qu'autre chose. "
Je vois tout de suite que ce jeune homme n'a pas eu une vie simple et tout naturellement, sans que je n'ai rien à faire, il se livre : " Tu sais j'ai parfois l'impression d'être l'architecte de ma propre destruction. J'ai passé mes 3 dernières années à être déprimé, je remonte la pente mais c'est pas simple ! Je suis réaliste sur mon parcours et j'essaie de m'éloigner de personnes qui ont eu un impact néfaste. "
Je lui demande son parcours scolaire : " Jamais simple, l'école ! J'ai eu pas mal de traumatismes qui m'ont amené à déprimer et me sentir mal à ma place et dans mon corps. A 11 ans j'ai fait une tentative de suicide et à 14 ans j'ai fait de l'anorexie mentale (dysmorphie). Donc forcément, au lycée après c'était une catastrophe ! J'ai rencontré des personnes qui, au premier abord me paraissaient cool et intéressantes mais qui m'ont plutôt poussé vers le bas. Attention, je ne leur en veux pas, je suis aussi coupable de cela, j'ai fait des choix ... C'est comme ça que j'ai arrêté les cours en 1ère STMG !
Avec le recul, ce n'était peut-être aussi la filière qu'il me fallait, j'aurais aimé aller en Littéraire car j'adore écrire des poèmes.
Je te raconte ma vie, mais ça me fait du bien de parler à quelqu'un... moi le solitaire !
Par la suite j'ai rencontré mon ex-copine mais ça n'a pas arrangé les choses : nous étions deux âmes esseulées, on a essayé de se sauver mutuellement mais 2 dépressifs ensemble qui fument et qui boivent, je ne suis pas sûr que cela soit très constructif pour l'un comme pour l'autre. "
Tristan m'explique qu'il a réussi à s'en sortir même si c'est pas toujours simple : " Je suis un éternel pessimiste, mais avec de la force et de l'amour on finit par y arriver. Tu connais Sisyphe ? C'est dans la mythologie grecque, je te résume le truc mais en gros il fait pénitence en gravissant une montagne tout en portant un énorme rocher ; et bien ma vie c'est un peu ça ... Une sorte de pénitence perpétuelle où je suis soit le mec qui porte le rocher, soit le caillou. "
Malgré ce triste parcours de vie, je demande à mon inconnu du jour ce qu'il aime faire : " J'aime manger, marcher, faire du stop, passer du temps avec les copains, faire la fête ... Ce qui me permet d'oublier à quel point je me sens seul. "
Il n'aime pas l'hypocrisie : " Je n'aime pas non plus Emmanuel Macron et son gouvernement de menteurs ! "
" Es-tu heureux Tristan là, tout de suite ?
- Ni heureux, ni triste ... Je suis un peu dans le brouillard, un peu mélancolique. "
Le mot de la fin ?
" Allez tous vous faire foutre ! (rires) Et surtout un grand merci à toi : tu peux pas savoir à quel point ça ma réchauffe le cœur que tu te sois intéressé à moi et ma vie. "
En descendant du tramway, on termine l'interview et je me dois de lui poser une dernière question :
" Tristan, tu sais que j'écris et publie sur mon blog - donc sur internet. Je peux tout raconter ce que tu m'as dit sur ta santé, l'alcool, la drogue, ta tentative de suicide ... ?
- Oui, il n'y a aucun souci : aujourd'hui je suis en paix et comme je te l'ai dit ça m'a fait du bien de parler avec toi. "
Merci à toi Tristan pour ta parole libérée, ta gentillesse. Ne baisse pas les bras, tu vas t'en sortir.
A.
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