Ce soir, une interview un peu particulière, laissez-moi vous raconter tout cela. Peu avant l'été, j'ai été contacté par une jeune femme qui se lançait dans une sorte de quête initiatique personnelle à la rencontre des personnes qui l'ont marquée ou accompagnée tout au long de sa vie. À travers une émission radio/podcast, elle s'est lancée dans l'enregistrement de leurs parcours en leur rendant hommage. J'ai eu la chance et le privilège de l'avoir inspirée à un moment de sa vie, et j'en suis touché... C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés et que j'ai pu témoigner à son micro : lien de mon interview : ici.
Je lui ai ensuite proposé un petit crossover entre nos projets, et elle s'est donc prêtée à son tour au jeu de l'interview.
Permettez-moi de vous présenter Alie, 36 ans.
Alie mène une vie bien remplie : "J'accompagne les gens par le toucher, j'enseigne le shiatsu et je propose des ateliers de danse initiative."
J'ai l'impression que la danse est importante pour Alie, donc je lui demande quel type de danse elle enseigne et ce que cela représente pour elle.
"J'enseigne la danse des 5 rythmes, une forme de danse où chacun est libre de bouger comme il le souhaite... Une danse introspective. C'est quelque chose que j'enseigne de manière nomade. En fait, j'ai tout vendu. Mais quand je dis que j'ai tout vendu, je n'avais pas grand-chose à moi, à part ma voiture. (rires) Alors je pars avec mon sac à dos là où l'on veut bien m'accueillir pour enseigner mon art, généralement pour des associations. Pour moi, la danse est un acte de résistance contre la sédentarité, et il faut au moins briser cette routine une minute par jour, minimum. (rires) Pour moi, il n'y a rien de plus important que de se laisser emporter par la musique pendant une heure, ou plus, en laissant son corps libre de ses mouvements, surtout après avoir frôlé la mort!"
"Frôlé la mort ? Comment cela, si je peux me permettre ?"
J'ai la maladie de Lyme. J'ai dû me battre pour être là aujourd'hui car lors d'un périple au Portugal, j'ai contracté la maladie... Il faut savoir qu'il y a plusieurs formes de la maladie de Lyme, et pas de chance pour moi, j'ai eu la forme la moins agréable. J'ai suivi un traitement antibiotique très large avec de bons effets mais surtout beaucoup d'effets secondaires, pour essayer de trouver l'antibiotique qui fonctionne le mieux pour mon corps. Malheureusement, j'ai fait une surcharge médicamenteuse qui a entraîné une paralysie respiratoire. Je ne pouvais plus me lever, j'essayais de lutter mais cela empirait. J'ai donc décidé de lâcher prise et, inconsciemment, de me dire que c'était mon moment de partir. C'est à ce moment-là, où j'ai décidé d'accepter mon sort, que mon corps a commencé à se libérer. Hasard, coïncidence, je ne sais pas, mais ce que je peux te dire, c'est que quand ce n'est pas ton moment, on t'offre une seconde chance sur Terre."
Il m'est difficile de reprendre l'interview après un témoignage aussi poignant. Je comprends mieux maintenant le concept des Rencontres d'Alie... tendre le micro quand on a frôlé le précipice et qu'on pensait ne plus avoir la chance de s'exprimer. Je rassemble mes émotions et reprends le fil de l'interview en lui demandant ce qu'elle aime.
"J'aime le cinéma, la musique, bien sûr danser et l'écriture spontanée : j'écris quand j'en ai envie, que ce soit des scénarios, des courts métrages, de la poésie... selon mes envies."
Ce qu'elle n'aime pas : "Je trouve cela insupportable que les gens ne se disent pas bonjour, que ce soit sur un quai de tram/bus, en entrant dans une boutique, etc... Et ce qui me révolte en tant que femme, c'est que le simple fait de sourire à quelqu'un dans la rue est parfois interprété comme une proposition..."
"Es-tu heureuse aujourd'hui ?
Ouais, je trouve ça cool de discuter avec un inconnu sur un banc du tramway à Trocardière. Je suivais tes interviews à un moment et je trouve que vivre l'instant est encore plus sympa."
Le mot de la fin ?
"Merci, Allan!"
Merci à toi, Alie, et merci de m'avoir interviewé pour ton émission. C'était très sympa.
A.
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