Bonsoir à tous,

La semaine dernière, je m'étais fixé un objectif : réaliser deux interviews, une sur le chemin du travail et l'autre au retour. Comme vous pouvez vous en douter, rien ne s'est passé comme prévu... et, à vrai dire, tant mieux ! Car sur le quai de la station 8 mai, j'ai recroisé Stéphane, un ancien "inconnu" fort sympathique, et nous avons fait tout le trajet ensemble sur la ligne 3. C'était vraiment chouette. Je pense que, comme beaucoup de personnes en ce moment, je suis fatigué, un peu lassé par l'actualité... Et même si j'avais un objectif à atteindre, j'étais finalement très content de croiser Stéphane et de discuter de tout et de rien. C'est ça aussi "L'Inconnu du Tram" : créer du lien.

Bref, aujourd'hui je vous présente Steeven, 21 ans.

Dans la vie, Steeven est conseiller-vendeur dans un magasin de bricolage :  

"Je suis dans le rayon des sols, carrelages, lino, etc. Depuis combien de temps je fais ce métier ? Depuis septembre, oui c'est tout récent. (rires)  

Est-ce que ça me plaît ? Oui carrément, même si à la base je n'y connaissais pas grand-chose en travaux. Mais j'aime surtout la relation avec les clients, conseiller, apprendre toute la journée avec des passionnés, c'est très enrichissant."

Je lui demande :  

– Tu me dis que tu n'y connaissais rien en matériaux de bricolage, mais tu peux me parler de ton parcours ? Comment es-tu arrivé là ?  

– Bien sûr ! J'ai un BTS MCO (Management Commercial Opérationnel), c'est une formation en vente et management. Mon objectif final, c'est de devenir manager, mais j'ai 21 ans, donc je commence par la vente et on verra bien. En parallèle de mes études, je travaillais dans la restauration rapide, j'ai commencé à 17 ans. C'était difficile, mais très formateur. J'y ai appris tellement de choses ! Une fois mon BTS en poche, j'ai postulé un peu au hasard là où je travaille actuellement, et j'ai été retenu. Certes, je ne connaissais pas grand-chose au début, mais j'apprends tous les jours, je me forme, et mon responsable est toujours là pour me guider. (rires) »

Je demande alors à Steeven de m'apprendre quelque chose sur son métier :  

"Tu savais qu'un parquet contrecollé ne peut être clipsé que sur 20 mètres ? Non ? Eh bien, moi non plus je ne le savais pas au début ! (rires) Au-delà de 20 mètres, il faut le coller, sinon il bouge, se gondole, et il faudra tout refaire."

En dehors de son travail, mon inconnu du jour aime aller à la salle de sport (musculation), jouer aux jeux vidéo – il joue à 'League of Legends' – et pratiquer le piano :  

"J'ai commencé le piano juste après le COVID, après avoir vu une personne jouer dans une gare. C'était tellement beau que ça m'a donné envie de m'y mettre. C'est mon exutoire, ça me calme, je m'y consacre une à deux heures par jour.  

– Tu te fixes des objectifs pour progresser ?  

– Oui et non, ça dépend. Mais en ce moment, mon but est d'apprendre à jouer le répertoire de Ludovico Einaudi, c'est le compositeur de la musique du film *Intouchables*."

Steeven n'aime pas les crevettes ni les gens en retard :  

"Je suis toujours en avance par respect pour les autres, et quand les gens sont en retard, pour moi c'est un manque de respect. Ça m'énerve." (rires)

Je lui demande s'il est heureux aujourd'hui :  

"Oui, je n'ai aucune raison de me plaindre."

Le mot de la fin ?  

"N'hésitez pas à parler aux gens, ça fait un bien fou de s'ouvrir aux autres."

Merci, Steeven, et au plaisir de te recroiser sur le quai du tram ou dans un rayon de bricolage.

A.

 

Bonsoir à tous,

La semaine dernière, j'étais motivé : je voulais faire deux interviews dans ma journée... je vous spoile, mais ça ne s'est pas passé comme prévu, haha ! Mais le matin, tôt, trop tôt, j'ai rencontré un nouvel inconnu sur le quai de Pirmil.

Je vous présente Stève, 57 ans.

Dans la vie, mon inconnu du jour est enseignant : "Je suis prof à la fac depuis 25 ans, j'enseigne dans la filière LEA : les Langues Étrangères Appliquées. Ce que j'enseigne dans cette filière ? Pour faire simple, j'enseigne le droit comme la découverte économique, le droit des entreprises, le droit du travail, l'économie sociale... c'est vraiment très large."

Stève m'explique que dans cette filière, il enseigne pour des étudiants en français mais qui sont déjà bilingues ou trilingues : "Leur seconde langue peut être l'allemand, le portugais, le russe, le chinois, l'arabe. C'est vraiment très varié. Mais ce sont des étudiants qui ont quand même de l'appétence pour le droit et les langues.

Si j'aime ce que je fais ? Oui, sinon ça serait compliqué de tenir 25 ans (rires). Mais j'aime faire apprendre et j'aime apprendre... apprendre de mes collègues, apprendre de mes élèves, apprendre d'inconnus dans le tramway... J'espère que nous nous recroiserons, car j'aurai des questions à te poser sur ton projet qui m'intrigue.

Et puis, travailler au contact d'étudiants étrangers, c'est à la fois passionnant et extrêmement enrichissant humainement."

Je lui demande de m'apprendre quelque chose sur son métier : "C'est dur ta question ! Je vais surtout te parler de ce que je répète jour après jour à mes étudiants : À l'heure où l'IA arrive en force, où l'on commence à lui laisser le droit de nous répondre et de n'avoir qu'une seule réponse, il va devenir encore plus important de lire autre chose et de croiser les sources. Il faut, je pense, se méfier des algorithmes pour ne pas se faire berner et pouvoir avoir son propre libre-arbitre. C'est important de réfléchir aujourd'hui, malgré le fait que ce soit très utile pour nous, cet outil."

Stève m'explique aussi que parfois, dans son métier, il a l'impression de faire la garderie parce que dans les amphithéâtres où il peut avoir jusqu'à 500 élèves, avoir son téléphone ou les ordinateurs fait qu'en général ils ne suivent pas les cours : ils font autre chose : "Pour capter les étudiants et leur apprendre des choses, j'ai dû interdire téléphones et ordinateurs."

Mis à part son métier, Stève aime écouter de la musique : plutôt du rock alternatif, il aime les concerts, il aime lire, il aime passer du temps avec ses enfants.

Il n'aime pas : "Je n'aime pas le dogmatisme. Mais j'aime avant tout le respect, peu importe la couleur : le respect sous toutes ses formes !!"

"Es-tu heureux aujourd'hui ?

- Joker ! Pourquoi je te réponds joker ? Parce que la vie n'est pas toujours simple, on a tous nos petits malheurs, mais c'était sympa de te rencontrer et de bavarder avec un inconnu."

Le mot de la fin : "Merci pour ce moment dans un espace qui ne prête pas forcément à ce genre d'exercice, au plaisir de t'accueillir à la fac pour suivre un de mes cours."

Merci à toi, Stève, pour ce moment si matinal et au plaisir de venir assister à un de tes cours.

A.