Bonsoir à tous,
Pour ceux qui viennent de me rejoindre ici, sur Instagram ou Facebook : bienvenue, et merci !
Depuis ma reprise, j’ai pris le parti de publier les interviews avec une petite semaine de décalage. Ça me laisse le temps de digérer les rencontres, de les écrire tranquillement.
Ce matin-là, après avoir parlé avec Christelle (vous l'avez découverte mardi dernier), je décide sur le chemin du retour de retenter une nouvelle chasse à l’inconnu.
Dans la rame, deux refus. Je laisse passer quelques arrêts et je descends à Beauséjour. Là, au bout du quai, j’aperçois un jeune mec, grand, stylé, il dégage quelque chose. J’ai envie d’aller lui parler.
Je vous présente Kimaï, 16 ans.
Je suis un peu déstabilisé par son âge. En général, j’évite d’interviewer des mineurs, par respect pour le droit à l’image, pour les parents... Je lui explique tout ça. Et puis je me dis : on verra bien. Je lui laisse mon contact, je précise que si ses parents souhaitent que je retire l’interview, je le ferai sans souci. C’est déjà arrivé.
Mais revenons à Kimaï, mon jeune inconnu d’1m90 (il me dépasse, je fais 1m87… et non, je ne me balade pas avec un mètre sur moi, je vous rassure).
« J’ai arrêté le lycée en seconde. C’était pas pour moi. Marre d’être assis sur une chaise ! J’ai réfléchi et j’ai décidé de me lancer dans la vie active. J’ai fait un service civique, auprès de personnes âgées, isolées. »
Et ça consistait en quoi ?
« Juste être là. Leur parler. Leur tenir compagnie. Et franchement… c’était grave cool. »
Il me raconte ce qu’il en a tiré :
« J’ai appris à écouter, j’ai appris la discipline, j’ai appris le respect. Quand on vieillit, on peut vite se sentir seul. Cette expérience, elle m’a fait grandir. Je me sens plus mature. Plus respectueux. Et puis j’ai découvert plein d’endroits de Nantes que je ne connaissais même pas. »
Son service civique s’est terminé en avril dernier.
« Là, j’hésite. Peut-être reprendre les cours, peut-être une formation… je sais pas encore. Je me laisse les beaux jours, et on verra à la fin de l’été. » (il sourit)
Je lui demande ce qu’il a appris de plus étonnant pendant ce service civique.
« Bah… au début, j’étais pas du tout motivé. Je m’étais dit : je fais ce qu’on me demande, je me prends pas la tête, je rentre chez moi. Et en fait, c’est tout l’inverse qui s’est passé. J’ai rencontré des gens formidables. J’ai créé du lien. Et ça m’a perturbé… parce que je pensais pas m’attacher autant. »
Kimaï, c’est aussi un passionné de fringues, de musique, et de Call of Duty Warzone.
« Je stream un peu sur TikTok. »
Je lui demande son pseudo, pour les curieux parmi vous.
« C’est .EASKY. »
(Il rigole)
« C’est cool de pouvoir partager ça. »
Ce qu’il n’aime pas ?
« Les hypocrites. Le mensonge. Et la tomate. Ni cuite, ni crue ! »
Je lui pose une dernière question :
« Tu te sens heureux aujourd’hui ? »
« Vite fait… Il me manque beaucoup d’argent… et un bon père. »
Je perçois un petit voile de tristesse dans sa voix. Je n’insiste pas.
« Si tu devais remercier quelqu’un ? »
« Mes deux meilleures amies. Elles sont tout pour moi. »
Et le mot de la fin ?
« Ton truc de parler aux inconnus, c’est chelou… mais sympa !
Et soyez toujours honnêtes dans la vie, ça finit toujours par payer. »
Merci Kimaï, c’était un plaisir.
On se recroisera peut-être dans le tramway… ou sur Rebirth Island.
A.